lunes, 18 de febrero de 2013

Socrates: Un padre liberador para la filosofía



Socrate: Pour la philosophie un père libérateur

Par Louis André Dorion

Socrate et Alcibiade, huile sur toile de Karl von Blaas, 1836. Socrate trouve Alcibiade chez les hétaires.


Si d'autres esprits firent de la philosophie avant lui, l'Athénien révolutionne cette pratique lorsqu'il prône qu'elle n'étudie pas la nature mais les affaires humaines. Il en résulte des exigences et des méthodes radicalement neuves, dont nous sommes toujours héritiers.


Ce serait une erreur de croire que la méthode socratique est une forme d'introspection car la connaissance de soi a ceci de paradoxal qu'elle nécessite la médiation d'autrui.

Dans le traite de Cicéron. Des termes extrêmes des biens et  des maux (ll, I, 1-2), un personnage affirme de Socrate qu' on peut à  bon droit l'appeler "père  de la philosophie". Le premier philosophe n'est il pas plutôt  Thales de Milet, dont la naissance recède de plus d'un siècle celle de Socrate? La philosophie devrait-elle revendiquer deux pères? Ce n'est pas dans le même sens que l'on attribue à Thales le titre de " premier philosophe " et a Socrate Celui de " père de la philosophie ".

Thales est le premier philosophe dans la mesure ou il serait l'initiateur du type de recherche qui consiste à expliquer les phénomènes naturels a partir de causes matérielles, et non plus en faisant intervenir des causes sur naturelles, comme les dieux, alors que, ce qui vaut a Socrate d'être reconnu comme le père de la philosophie, c'est d'avoir été le premier à  se détourner l'étude de la nature et àinsister pour que la réflexion philosophique s'intéresse désormais, et exclusivement aux affaires humaines:

"C'est à Socrate qu'on attribue la première idée de la phi1osophie, non pas de la philosophie qui a pour objet la ture (celle-là  est plus ancienne), mais de la phi1osop_hie qui traite du bien et du mal et qui donne des principes de conduite et de morale."

Ce texte de Cicéron (Brutus, VIII, 51) est un témoignage, parmi, d'autres, d'une tradition qui remonte a  Platon (Apologie, 19c), a  Xénophon (Mémorables I, 1.1-16) et à  Aristote (Métaphysique , A, 6, 987b 1-2), et dont, plusieurs siècles plus tard, on trouve encore un écho dans La Cite de Dieu (VIII, 3) de saint Augustin.

C'est d'ailleurs a  partir de cette. tradition unanime que les Modernes ont forge le terme "présocratiques" pour désigner les philosophies qui se situent avant la "révolution " socratique et qui avaient donc fait de la nature (phusis) l'objet privilégié de leur questionnement.

Le désintérêt de Socrate pour l'étude de la nature procède en fait de la conviction quela réflexion éthique obéit a  ses propres exigences et qu'elle n'a rien à  apprendre, ou 'si peu, de 1'étude de la nature.

Comme la connaissance des phénomènes de la nature semble inaccessible - ainsi qu'en témoignent les désaccords incessants entre les philosophes qui aspirent à cette connaissance - et que la question de savoir comment l'on doit mener sa vie est une question urgente qui ne saurait souffrir qu'on la diffère plus longtemps ni même qu'on la subordonne à la connaissance de la nature, Socrate en fait la question privilégiée, voire exclusive, de la réflexion philosophique.

On peut Certes contester que 1e mérite d'avoir opéré une telle rupture dans 1'histoire de la philosophie grecque revienne entièrement et exclusivement à Socrate. L'on trouve en effet chez certains présocratiques, notamment Démocrite - qui est en fait un contemporain de Socrate -, les éléments d'une réflexion morale (lu plus grand intérêt , et l'on s'entend aujourd'hui a  reconnaitre que les sophistes n'ont pas moins contribue que Socrate a faire des questions éthiques et politiques l'objet par excellence de la philosophie.

Si Socrate peut néanmoins être considère  comme le " fondateur de la science morale" (selon le philosophe Emile Boutroux), c'est non seulement en raison de son influence déterminante sur la réflexion éthique de ses disciples immédiats el philosophiques postérieures, mais aussi parce qu'il demeure pour nous le premier exemple d'un philosophe en entièrement dévoue a  la recherche exigeante des principes et des Fondements de la "vie bonne ".

Père de la philosophie, Socrate l'est également lorsqu'il détourne des jeunes gens de leurs occupations habituelles pour les initier a la philosophie. A l'occasion d'un échange dialectique, c'est-a-dire d'un entretien par questions et réponses brèves an cours duquel Socrate Contraint son interlocuteur a répondre de sa prétention an savoir, Socrate lui fait prendre conscience qu'il  est en réalité ignorant de ce qu'il s'imaginait savoir.

Celui qui reconnait son ignorance éprouve un trouble et un embarras qui peuvent cependant se révéler féconds en ce qu'ils sont nécessaires a l'éveil du désir d'apprendre et d'avoir enfin accès a la véritable connaissance qui est la condition de la vie bonne.

Comme l'a magnifiquement dit Jacques Brunschwig,

Publicado en Le Magazine Litteraire. Paris, Juin 2009, Nº 487. p. 66-67

Traducción personal PAV.

Si otros espíritus hicieron filosofía antes que él, el ateniense revolucionó esta práctica cuando defendió que ella no estudiara la naturaleza sino los asuntos humanos. El resultado son requisitos y métodos radicalmente nuevos, de los cuales todavía somos herederos.

Sería un error creer que el método socrático es una forma de introspección porque el autoconocimiento es paradójico porque requiere la mediación de otros.

En el trato de Cicerón. Términos extremos de bienes y males (ll, I, 1-2), un personaje dice de Sócrates que podemos llamarlo "padre de la filosofía". ¿No es el primer filósofo Tales de Mileto, cuyo nacimiento es más de un siglo mayor que el de Sócrates? ¿Debería la filosofía reclamar dos padres? No es en el mismo sentido que se atribuya a Tales el título de "primer filósofo" y a Sócrates el de "padre de la filosofía".

Thales es el primer filósofo en la medida en que es el iniciador del tipo de investigación que consiste en explicar los fenómenos naturales a partir de causas materiales, y ya no involucra causas naturales, como los dioses, mientras Lo que es digno de que Sócrates sea reconocido como el padre de la filosofía, es haber sido el primero en dejar de lado el estudio de la naturaleza e insistir en que la reflexión filosófica debería estar interesada en adelante y exclusivamente en los negocios. humana:

"Es a Sócrates a quien atribuimos la primera idea de filosofía, no de filosofía cuyo objeto es el tiempo (que es más antiguo), sino de phi1osop_hie que se ocupa de lo bueno y lo malo y que da principios de conducta y moral ".

Este texto de Cicero (Brutus, VIII, 51) es un testimonio, entre otros, de una tradición que se remonta a Platón (Apología, 19c), a Jenofonte (Memorias I, 1.1-16) y a Aristóteles (Metafísica , A, 6, 987b 1-2), y varios siglos después, todavía hay un eco en La Ciudad de Dios de San Agustín (VIII, 3).

También es de esto. Una tradición unánime de que los modernos forjan el término "presocrático" para designar las filosofías que yacen antes de la "revolución" socrática y que hicieron de la naturaleza (phusis) el objeto privilegiado de su cuestionamiento.

El desinterés de Sócrates en el estudio de la naturaleza es, de hecho, una convicción de que la reflexión ética obedece a sus propios requisitos y que no tiene nada que aprender, o tan poco, del estudio de la naturaleza.

Como el conocimiento de los fenómenos de la naturaleza parece inaccesible, como lo demuestran los desacuerdos incesantes entre los filósofos que aspiran a este conocimiento, y que la cuestión de cómo uno debe llevar la vida es una pregunta urgente que no puede sufrir Si se retrasa aún más o incluso se subordina al conocimiento de la naturaleza, Sócrates la convierte en la cuestión privilegiada, incluso exclusiva, de la reflexión filosófica.

Ciertamente, se puede negar que el mérito de haber hecho tal ruptura en la historia de la filosofía griega vuelve total y exclusivamente a Sócrates. De hecho, algunos presocráticos, especialmente Demócrito, que en realidad es contemporáneo de Sócrates, encuentran los elementos de una reflexión moral (el mayor interés, y ahora estamos de acuerdo en reconocer que Los sofistas no han contribuido menos que Sócrates para hacer de las cuestiones éticas y políticas el objeto por excelencia de la filosofía.

Sin embargo, si se puede considerar a Sócrates como el "fundador de la ciencia moral" (según el filósofo Emile Boutroux), no es solo por su influencia decisiva en la reflexión ética de sus discípulos filosóficos inmediatos y posteriores, sino también porque sigue siendo para nosotros el primer ejemplo de un filósofo totalmente dedicado a la búsqueda exigente de los principios y fundamentos de la "buena vida".

Padre de la filosofía, Sócrates también es padre cuando aleja a los jóvenes de sus ocupaciones habituales para presentarles la filosofía. Con ocasión de un intercambio dialéctico, es decir, de una entrevista con preguntas cortas y respuestas en el curso de las cuales Sócrates obliga a su interlocutor a responder por su afirmación de saber, Sócrates le hace saber que está en realidad ignorante de lo que él imaginaba que sabía.


Quien reconoce su ignorancia experimenta una perturbación y una vergüenza que, sin embargo, puede resultar fructífera porque son necesarias para despertar el deseo de aprender y finalmente tener acceso al verdadero conocimiento que es la condición de la vida. buena.


lunes, 11 de febrero de 2013

Sócrates: Un maestro para vivir

Articulo  publicado en Le Magazine Littéraire. N º 487, juin 2009. www.magazine-literaire.com

¿Cuál era realmente la doctrina del Sócrates histórico?
La investigación está siendo revisada a la luz de que las evidencias difieren.
Un maître à vivre

La escuela de Atenas. Rafael de Sancio

Socrate l'anti-maitre à penser.

Dossier coordonné par MAXIME ROVERE

Quelle était réellement la doctrine du Socrate historique?
L'enquête est toujours relancée tant les témoins divergent.

Il dit qu`il ne sait rien. ll dit ailleurs que nous non    plus. Le pire est qu'il le prouve très efficacement. Par là, Socrate a laisse, dans le monde occidental, l'empreinte indélébile d'un philosophe en creux.

Non, Socrate n'est pas un maître. Il est  l`eternel  disciple d'un enseignement qui lui échappe, pour  la raison que le savoir appartient à tous et à personne, et que nous ne pouvons le découvrir qu'ensenble. 

Quelqu`un se croit-il savant? Socrate s'approche, l'interroge, le pique au vif et, dans la colère ou dans les rires, lui indique qu'i1 n'y a de savoir qu'en chemin, toujours en cours d'élaboration, jamais définitif.

Pourtant, méfiance. N'est-il pas séduisant de croire qu`un peu d`ironie suffît  à  faire un philosophe ? Que l`on peut vivre  et agir au mieux, sans en passer par les difficultés d'un chemin ou l'on reçoit, année après année, les outils adéquats pour penser toujours mieux? Un philosophe sans doc trine, un savant sans écrits.. Si le mythe de Socrate devenait aujourd'hui  l'incarnation d'une sagesse facile, on le ferait jouer contre lui-même.

Le sage ignorant n'est encore qu'une figure de Socrate, issue de celle qui a été dessinée par Platon. Il n'en a pas toujours été ainsi: les hommes du XVIII" siècle s`appuyaient surtout sur Xénophon et considéraient Socrate comme un pur rationaliste. Puis, la tendance s'est inversée, el le Socrate de Platon reprit le pas sur l'autre, Il aura fallu longtemps avant que toutes les facettes du visage socratique - celles que révèlent les témoignages de Platon, d'Aristophane et dé Xénophon, ainsi que les analyses d`Aristote - ne finissent par être prises au sérieux.

Encore aujourd'hui, si vous cherchez Socrate à  la bibliothèque, voyez à  Platon.. Et pour cause: quel embarras! Chez Xénophon, Socrate affirme qu'il est expert en éducation, qu'il forme les jeunes gens à la politique, et que celle-ci est l'expression d' une capacité technique. Chez Aristophane, il se consacre à l'étude de la nature, come  tous les savants de son temps.

Et, chez Platon, il dit qu'il ne sait rien, et qu'il a jamais rien enseigne. Comme ces témoignages ne concordent pas, les historiens se sont pose pendant deux siècles ce que Ton appelle Ia " question socratique ": quelle était réellement la doctrine du Socrate historique ? Problème inso1ub1e, que 1es chercheurs les plus récents ont su retourner comme un gant, en étudiant plutôt comment, pourquoi et avec quels effets la figure de Socrate a pu être interprétée, utilisée, adaptée, tout en gardant sa force subversive.

Socrate est laid et pauvre, mais il séduit tout ce qu'Athènes comte de jeunes aristocrates triomphants, qui pleurent d'amour pour lui. Il n'écrit rien, mais presque toutes les écoles philosophiques qui viennent ensuite se réclament de lui. Pourquoi?

Sans doute parce qua Socrate a inventé l'éthique, entendue comme une certaine manière de se mettre an clair ave soi-même. De ce point de vue, i1 n'est en effet ni un sage ni un maitre. Car il situe la construction  de l'individu dans une recherche commune ou les un accouchent les autres (mais personne ne s'accouche  tout seul!. Socrate a invente  avec les Athéniens une pratique de vérification qui consiste en une mise a l'preuve de leurs pensées et de leurs vies. Sitôt qu'ils sont dans l'embarras il s'erie: "Nous y sommes!"; Ou? Dans la vérité comme chemin, dans 1a phi1osophie comme pratique dans 1a  vie comme exigence.

LE MAGAZINE. L1T'ÉRAIRE JUIN 2oo9 N° 487